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Hávamál. La voce di Odino. Il testo degli antichi vichinghi | Antonio Gostanzo
Il est difficile de faire le compte-rendu d’un ouvrage sans prétention scientifique… Bien bâti, joliment présenté et agréablement traduit, le livre d’Antonio Costanzo jouira certainement d’un bon accueil auprès du public italien. La rareté des traductions de textes norrois en italien nous invite à louer l’initiative de cet amateur, qui propose non seulement une traduction de l’un des fleurons de cette littérature, le Hávamál, mais qui a également participé à la conception de cet ouvrage puisqu’il en est à la fois l’auteur, le traducteur et l’éditeur. Vivant en Islande et travaillant pour le muse national (Þjóðminjasafn Íslands), ce physicien d’origine napolitaine occupe son temps libre à étudier les textes islandais médiévaux à l’Institut Arnamagnéen de Reykjavik et se consacre actuellement à une traduction inédite en italien de la Fóstbræða saga, qui paraîtra prochainement dans la même maison d’édition.
Cette traduction du Hávamál, sous-titrée « la voix d’Odin, le texte des anciens vikings » s’ouvre sous les auspices de l’Institut Arnamagnéen de Reykjavik par une préface de Gísli Sigurðsson (l’éditeur du recueil de poésie eddique Eddukvæði où se trouve notamment le Hávamál). Celle-ci offre une synthèse sur les traditions manuscrites et les tentatives d’explications du poème, que ce soit par l’oralité, le fond germanique ancien ou bien l’influence de la culture cléricale (VII-IX). Le livre comporte également une introduction détaillée de l’auteur, à propos de ses choix de présentation, notamment pour la première partie. Il précise en effet l’existence d’une abondante literature secondaire présentant le texte sous un angle philologique, historique ou social, et explique ainsi que cette étude suit un angle qu’il qualifie de philosophique. Dans l’espoir de percevoir la vision du monde du Hávamál, A. Costanzo accompagne sa traduction, lorsque cela est possible, de passages qu‘il juge similaires, tirés de la pensée stoïcienne de Sénèque ou bien du bouddhisme (XII-XIII). Ainsi, l’essentiel du livre se compose de deux grandes parties: le texte en vieil-islandais normalisé accompagné de sa traduction italienne et augmenté d’une étude à caractère philosophique (pp.3-125), puis à nouveau le texte original et sa traduction, accompagnée cette fois-ci d’une analyse critique du texte (pp.129-247). Si ce choix de présentation peut surprendre le spécialiste, il permettra au public curieux de faire la part entre un commentaire sur l’oeuvre qui lui permettra de découvrir ce beau texte et un commentaire linguistique, qui lui donnera le loisir d’apprécier la traduction et de comprendre les choix de l’auteur. Enfin, le livre se conclut par une bibliographie (pp. 249-255) et par deux appendices très utiles. En effet, le premier rédigé par un hôte de l’Institut Arnamagnéen de Reykjavik, Giovanni Verri, porte sur la normalisation du texte original et sur le système vocalique du vieil-islandais (pp. 257-258) tandis que le second offre au lecteur de belles photographies du manuscrit (GKS 2365 4to fol. 3r – 7v) fournies par Jóhanna Ólafsdóttir, du même institut.
Dans la première partie, le spécialiste s’étonnera de trouver des références explicites à Sénèque (texte original accompagné de sa traduction) pour illustrer le commentaire d’une strophe du poème islandais (par exemple l’extrait de la lettre 13 à Lucilius qui illustre la strophe LVI du Hávamál, p. 40). C’est probablement grâce à sa qualité d’amateur que l’auteur se permet ces parallèles et va même plus loin en considérant la culture bouddhiste comme moyen d’expliquer la vision du monde des anciens Scandinaves (par exemple les strophes VIII et IX pp. 8-9). Notons que si cette partie plaira beaucoup au lecteur, elle pourra irriter un public plus averti puisque l’auteur n’hésite pas à faire part de ses conceptions philosophiques – parfois simplistes – sur la pensée dês anciens scandinaves. En considérant le but du livre, on peut difficilement lui faire grief de ne pas véritablement apporter un élément de plus à la réflexion sur le paganisme nordique. Par contre, Il aurait pu avantageusement se servir des passages tirés de la culture latine pour éclairer de manière plus précise et rigoureuse, comme l’a très bien fait Dumézil, les invariants et les originalités de ce texte par rapport à un fond indo-européen.
Pour illustrer sa méthode de travail dans l’analyse critique du texte, arrêtons-nous un instant sur ce qu’il écrit sur la traduction du mot þorp (pp. 162-163). Si ce choix peut être contestable puisqu’il opte pour l’italien landa, qui selon lui parle plus au lecteur, notons qu’il n’ignore pas malgré tout la recherche. Après avoir remarqué la confusion et les diverses traditions d’interprétation qui se sont succédées pour ce mot, il présente une synthèse de quatre explications qu’il juge révélatrices des difficultés inhérentes à la traduction. Les deux premières portent sur l’étymologie tandis que lês suivantes s’intéressent à l’analyse du mot dans ce passage précis. A. Costanzo offre à son lecteur des traductions des notices et des extraits d’articles portant sur ce mot. Saluons ici la place qu’il accorde à un article mémorable de Stefán Karlsson qui porte sur le mot þorp, même s’il ne s’est pas décidé à adopter les vues de ce dernier dans sa propre traduction.
Félicitons enfin la parution du livre d’Antonio Costanzo qui relève de l’honnête vulgarisation, en offrant outre une élégante traduction, un très utile manuel d’initiation aux croyances des anciens scandinaves.
Grégory Cattaneo – Doutorando em História Medieval Universidades de Paris IV Sorbonne e Islândia. gregory.cattaneo@gmail.com
COSTANZO, Antonio. Hávamál. La voce di Odino. Il testo degli antichi vichinghi. Nápoles: Diana edizioni, 2010. Resenha de: CATTANEO, Grégory. Brathair – Revista de Estudos Celtas e Germânicos. São Luís, v.11, n.1, p. 105-106, 2011. Acessar publicação original [DR]